jeudi , 28 mars 2024

Certaines n’avaient jamais vu la mer

Auteur: Julie Otsuka

Editeur: Phebus – 2012 (144 pages)

Prix Femina Etranger 2012

Lu en janvier 2013

certaines n'avaient jamais vu la merMon avis: Je ne vais pas résumer une fois de plus ce livre déjà abondamment commenté.
Je ne vais pas nier que j’ignorais tout de cet épisode de l’histoire du Japon, dont une certaine partie de la population a été victime du mirage du « rêve américain ».
Je ne reviendrai pas sur l’originalité de la technique de narration, dont le désormais fameux « nous » a l’avantage de rendre à merveille la solidarité et la persévérance de ces femmes trompées, avilies puis oubliées, mais a l’inconvénient de créer une certaine distance et d’empêcher une empathie plus profonde entre elles et nous.
Je ne commenterai pas en détails la litanie de litanies que constitue ce roman, dont il ne faut cependant pas penser qu’il n’est qu’une longue plainte de 140 pages sur certains thèmes (le voyage, la rencontre des maris, le travail, les Blancs, les enfants,…), mais dont il faut au contraire saluer le parti pris d’une écriture précise, humble et sans pathos qui fait d’autant plus émerger les émotions du lecteur.
Mais j’insisterai sur le fait l’auteur fait preuve d’un certain don pour nous donner un cours d’Histoire sans avoir l’air d’y toucher, et rien que cela justifie l’existence de ce livre.
Je rajouterai qu’il faut un talent certain pour dépeindre l’abnégation et « l’optimisme du désespoir » de ces femmes au long d’une énumération de jolies phrases toutes simples, qui rappellent le flux et le reflux sans fin des vagues de cette mer que certaines n’avaient jamais vue.
Et je conclurai par une pirouette que certains trouveront facile : certains ne liront jamais ce roman, et c’est dommage pour eux…

Présentation par l’éditeur:

L’écriture de Julie Otsuka est puissante, poétique, incantatoire. Les voix sont nombreuses et passionnées. La musique sublime, entêtante et douloureuse. Les visages, les voix, les images, les vies que l’auteur décrit sont ceux de ces Japonaises qui ont quitté leur pays au début du XXe siècle pour épouser aux Etats-Unis un homme qu’elles n’ont pas choisi.
C’est après une éprouvante traversée de l’océan Pacifique qu’elles rencontrent pour la première fois à San Francisco leur futur mari. Celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui dont elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir.
A la façon d’un choeur antique, leurs voix s’élèvent et racontent leurs misérables vies d’exilées … leur nuit de noces, souvent brutale, leurs rudes journées de travail dans les champs, leurs combats pour apprivoiser une langue inconnue, la naissance de leurs enfants, l’humiliation des Blancs, le rejet par leur progéniture de leur patrimoine et de leur histoire … Une véritable clameur jusqu’au silence de la guerre. Et l’oubli…

Evaluation :

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5 commentaires

  1. Jolie pirouette ! Moi, je l’ai lu et j’en garde un bon souvenir.

  2. Désolée de n’avoir pas laissé de commentaire plus tôt mais j’ai été plus d’une semaine sans avoir de connexion internet.

    J’avais vraiment aimé ce livre. J’aime beaucoup la fin de ta critique.